Dans le cas de la SEP, les troubles de la vue sont secondaires, la plupart du temps, à une inflammation du nerf optique. Lorsque l’inflammation du nerf optique se situe au niveau de l’arrière-plan de l’œil (papilles du nerf optique), on parle de névrite optique œdémateuse. Si le nerf optique est enflammé en arrière de l’œil, on parle de névrite rétrobulbaire. La névrite optique œdémateuse et la névrite rétrobulbaire sont donc deux formes particulières de névrite optique.

Les patients peuvent se plaindre initialement d’une vision floue à un œil, pouvant évoluer jusqu’à la cécité. Ce trouble peut durer moins d’une minute à plusieurs jours avant de se rétablir partiellement ou complètement. Préalablement à l’apparition de ce trouble visuel (quelques heures à quelques jours auparavant, mais parfois concomitamment), le patient peut présenter des douleurs au niveau de l’œil, des difficultés à percevoir les couleurs et plus particulièrement la couleur rouge. Ceci s’explique par le fait que la partie centrale de la rétine, qui est la plus souvent entreprise par la névrite optique, est plutôt responsable de la perception des couleurs, alors que la partie périphérique est plutôt sensible à l’intensité lumineuse (clair et obscur).

Alors que la perte d’acuité visuelle ou l’amputation du champ visuel régresse souvent après quelques semaines à quelques mois, le trouble de la perception des couleurs persiste plus fréquemment.

Lors de l’examen ophtalmologique, le médecin ne peut rien remarquer (“le patient ne voit rien, et le médecin ne voit rien non plus”). La perte de la vision entreprend en général le centre du champ visuel, ce qui est désigné dans le langage médical par le terme de scotome central. Un examen précis du champ visuel doit être effectué aux deux yeux indépendamment.

On peut également observer au niveau des yeux des troubles de l’accommodation. Lorsqu’on éclaire un œil avec une petite lampe de poche, on observe normalement un rétrécissement de la pupille (myosis), qui peut être plus lent ou moins marqué au niveau de l’œil touché par rapport à l’œil sain.

On peut également observer des troubles oculomoteurs avec diplopie, qui sont en général des conséquences de la présence de lésions au niveau du tronc cérébral, entreprenant les noyaux des nerfs crâniens responsables des mouvements des yeux (mouvements indépendants et mouvements conjugués).

Un exemple fréquent est l’ophtalmoplégie internucléaire, au cours de laquelle on observe, lors du regard latéral, l’apparition d’un nystagmus (un tremblement) dans le regard externe d’un œil, et l’impossibilité d’un regard interne de l’autre œil (l’œil reste fixe).

Chez presque un patient sur six atteints de SEP, l’inflammation du nerf optique est le premier symptôme de la maladie. Lorsque la maladie évolue, elle apparaît toutefois chez plus d’un patient sur deux, mais il faut insister sur le fait qu’une névrite optique n’est pas obligatoirement synonyme de SEP. 30% des sujets qui présentent un jour une névrite optique ne présentent pas d’autres symptômes évocateurs d’une SEP par la suite.

Les résultats de l’imagerie en résonance magnétique (IRM) et l’étude du liquide céphalo-rachidien après ponction lombaire sont des examens qui permettent d’apporter des arguments complémentaires en faveur du diagnostic. Effectivement, la découverte d’autres lésions cérébrales en IRM lors d’une névrite optique fait passer le risque de développer une SEP de 70 à 90%. La démonstration au niveau du liquide céphalo-rachidien de bandes oligoclonales d’immunoglobulines est par ailleurs un autre argument en faveur d’une SEP débutante.