La moelle épinière se prolonge dans le canal rachidien jusqu’au niveau de la deuxième vertèbre lombaire, environ au niveau où l’on peut palper le côté du dernier arc costal osseux. Par contre, le canal formé par la superposition des vertèbres se prolonge jusqu’au sacrum. Les méninges, qui enveloppent le SNC, se prolongent jusqu’à ce niveau, au sein du canal vertébral. Il existe donc un “sac” (sac dural), qui contient, outre le liquide céphalo-rachidien, les dernières racines nerveuses qui ont quitté la moelle épinière et qui sortiront du canal vertébral par des trous, dits de conjugaison, entre deux niveaux vertébraux jusqu’au sacrum.
On peut récolter, à l’aide d’une longue aiguille creuse, du liquide céphalo-rachidien contenu dans ce sac dural. Cette aiguille est insérée à un niveau sous-jacent à l’extrémité terminale de la moelle épinière, entre deux vertèbres lombaires, après que l’on ait procédé ou non à une anesthésie locale. Une lésion de la moelle épinière n’est donc pas possible, puisque la ponction se situe en-dessous de l’extrémité inférieure de la mœlle, sous la deuxième vertèbre lombaire. Il ne s’agit donc pas d’une ponction de la moelle épinière, mais bien d’une ponction du liquide céphalo-rachidien !
La ponction lombaire est très facilement réalisée lorsque le patient est assis, qu’il est détendu, et qu’il fait “le dos rond”. Le diamètre de l’aiguille creuse qui permet de prélever le liquide céphalo-rachidien ne dépasse pas la taille de celui utilisé pour un prélèvement sanguin. Par contre, l’aiguille est plus longue car le canal vertébral est situé quelques centimètres sous la peau.
Contrairement aux récits et aux nombreuses craintes des patients, la ponction lombaire est inoffensive et elle reste bénigne si elle est pratiquée correctement. Lors de la ponction, il se peut que l’on touche une fibre nerveuse, et le patient ressentira alors une décharge électrique ou une douleur de courte durée dans une jambe. Cette complication est cependant peu sévère et une lésion nerveuse accompagnée de dommages persistants ne se produit jamais.
Il se peut également, après une ponction lombaire, que le patient développe des céphalées dans les heures ou jours qui suivent l’examen. Ces maux de tête sont secondaires à l’hypotension du liquide céphalo-rachidien, suite à la ponction, et ils sont généralement plus marqués lorsque le patient se lève précocement et s’atténuent rapidement après qu’il se soit allongé. Ils s’estompent en général totalement si le patient garde le lit et boit abondamment. Aujourd’hui, on utilise souvent des aiguilles atraumatiques (aiguilles chirurgicales à chas) et les maux de tête secondaires à la ponction lombaire apparaissent plus rarement.
Certains médecins pratiquent systématiquement une anesthésie locale alors que d’autres jugent que celle-ci est inutile. Effectivement, l’anesthésie locale nécessite l’injection d’un produit anesthésiant et représente elle-même une piqûre. On peut bien sûr utiliser préalablement à la ponction un anesthésique local sous forme de crème dermique. Cette technique nécessite de préparer le patient quelques minutes avant la ponction, prend donc plus de temps, mais peut être envisagée à la demande du patient.
Günter Krämer, un de nos collègues, a subi, à l’occasion d’une intervention chirurgicale du ménisque, une anesthésie péridurale, par ponction lombaire. Il a été vraiment soulagé lorsqu’il a pu se rendre compte par lui-même que ce qu’il assure à ses patients atteints de SEP (c’est-à-dire que la ponction lombaire est inoffensive lorsqu’elle est menée d’une manière adéquate) est bien réel.