Dans le cas de la SEP, l’apparition de certains symptômes, comme la spasticité, des douleurs, des troubles sphinctériens, de la fatigue, des troubles de la coordination des mouvements, peuvent nécessiter l’instauration d’autres traitements spécifiques, symptomatiques.

En ce qui concerne la spasticité, le traitement médicamenteux fait appel à 6 classes pharmacologiques :

le baclofen, commercialisé sous le nom de Lioresal, est le plus répandu et en général, le plus efficace. La dose varie entre 15 et 75 mg par jour, par voie orale. En cas de spasticité particulièrement marquée, on peut injecter une forme soluble directement dans le canal rachidien grâce à une pompe spéciale ;

la mémantine peut être administrée seule ou en combinaison avec d’autres médicaments. La dose habituelle est de 10 à 20 mg par jour ;

la tizanidin, commercialisée sous le nom de Sirdalud, est un autre médicament de la spasticité, prescrit à la posologie quotidienne de 12 à 24 mg, par voie orale ;

les benzodiazépines (notamment le Valium) peuvent être administrées seules ou en combinaison avec le baclofen, la dose variant la plupart du temps entre 5 et 30 mg par jour en ce qui concerne le Valium ;

le dantrolène n’est administré qu’aux patients fortement handicapés en raison de la possible sensation de faiblesse au niveau des membres inférieurs. La dose varie entre 50 et 200 mg par jour, par voie orale;

la tolpérisone est un médicament qui agit aussi bien au niveau du SNC que périphérique. Les doses journalières varient entre 150 et 450 mg.

En cas de spasticité extrêmement sévère, on peut administrer, en complément de ces médicaments, de la toxine botulique (Botox, Dysport, NeuroBloc), injectée à faibles doses dans le muscle spastique afin de provoquer une paralysie partielle artificielle.

Manifestations paroxystiques :

La névralgie du trijumeau réagit souvent favorablement à l’administration d’un traitement antiépileptique de type carbamazépine (Tégrétol) ou gabapentin (Neurontin). Si ces médicaments sont inefficaces, d’autres antiépileptiques ou une combinaison avec un traitement de la spasticité (notamment le baclofen) peuvent être envisagés. Ces médicaments sont efficaces en cas de mouvements brusques et involontaires pouvant apparaître la nuit, en particulier dans les jambes (automatismes spinaux). Il en est également de même en ce qui concerne les troubles apparaissant ponctuellement comme des crises d’épilepsie (environ 1%) et d’autres troubles encore plus rares, comme des faiblesses de courte durée, des troubles de la parole et d’autres sensibilités.

Le problème des douleurs :

Le traitement antidouleur dépend de l’origine, du type et de l’intensité de la douleur. On ne traite pas de la même façon des douleurs musculaires provoquées par une contraction des muscles et des douleurs provoquées par la spasticité. Avant d’administrer ces traitements antidouleur, il est important d’utiliser des médicaments simples comme l’acide acétylsalicylique (Aspirine) ou le paracétamol (Dafalgan). Dans le cas d’une spasticité sévère ou d’autres douleurs persistantes, le gabapentin (Neurontin) est souvent bénéfique. L’administration de méthodes de traitement physique ou physiothérapeutique complémentaire peut être justifiée.

Troubles de constipation ou de diarrhée :

Il n’existe à ce jour aucun consensus quant au traitement médicamenteux dans ce cas. La plupart des patients tentent différentes méthodes, des laxatifs aux lavements, avant de parler de leurs symptômes à leur neurologue. Dans le cas d’une constipation légère, une alimentation riche en fibres ou des préparations à base de plantes peuvent suffire à améliorer le tableau. Dans le cas d’une constipation sévère, des substances comme le bisacodyl (Dulcolax) ou le picosulfate de natrium (Laxobéron) sont indiquées.

Dans le cas de diarrhée légère, des charbons médicaux ou du lopéramide (Imodium) peuvent être utiles. Parfois, le lavement matinal permet de réduire les problèmes d’incontinence fécale.

Les troubles sphinctériens :

Une petite vessie spastique souvent accompagnée d’un besoin d’uriner et d’une petite quantité d’urine résiduelle est la plupart du temps traitée par un anticholinergique (de type Buscopan). Les bloqueurs des récepteurs alpha-adrénergiques peuvent réduire la stimulation accentuée de la vessie (Dibenzyran), parfois combinés à un antispasmodique de type baclofen (Liorésal). En ce qui concerne les pressions nocturnes gênantes au niveau de la vessie, le patient peut prendre en soirée des médicaments de la famille des antidépresseurs tricycliques, comme notamment l’imipramine (Tofranil), mais également des médicaments du type desmopressin (Minirin).

Si la vessie ne se contracte pas correctement (vessie atone), avec persistance d’une urine résiduelle, des traitements cholinergiques comme le carbachol (Doryl) ou le distigmine bromide (Ubretid) sont la plupart du temps efficaces.

Le meilleur traitement reste cependant toujours la cathétérisation plusieurs fois par jour (intermittente) : les patients apprennent l’auto-sondage vésical (introduction d’une petite sonde urinaire par l’urètre jusque dans la vessie avec récolte de l’urine, suivie du retrait de la sonde).

Dans le cas de troubles de la vessie et de la vidange consécutifs à un dysfonctionnement des muscles vésicaux, des traitements spécifiques peuvent être administrés en complément de la cathétérisation. Dans le cas de la SEP, les inflammations vésicales sont une cause fréquente de complication des troubles de la vessie et de la vidange. Elles doivent toujours être traitées et prévenues au mieux. Dans le cas des inflammations récurrentes, l’administration d’acide ascorbique (vitamine C) et la méthionine (Aciméthine) est une méthode préventive efficace.

La fatigue et l’épuisement :

Parallèlement à l’adaptation du corps aux efforts physiques, certains médicaments ont des effets positifs sur la fatigue ou l’épuisement. Il s’agit de médicaments utilisés notamment pour traiter les maladies virales ou la maladie de Parkinson tels que l’amantadine (Amantan) ou la pémoline, stimulante et efficace (Tradon : risques de troubles hépatiques et nécessité de contrôler la prise de sang). Il en est de même des traitements antidépresseurs agissant sélectivement sur la recapture de la sérotonine.

Ces dernières années, les études contrôlées ont montré un effet favorable du modafinil (Provigil). Ce médicament a été développé afin de traiter la narcolepsie (fatigue persistant tout au long de la journée et assoupissements involontaires.

Troubles sexuels :

Depuis leur introduction, des médicaments comme le sildenafil (Viagra) apportent un effet bénéfique chez des patients rencontrant des troubles de l’érection. Ce médicament a surtout pour avantage son administration plus confortable par rapport aux autres aides comme les pompes péniennes ou les injections intracaverneuses (injections dans la verge). Nous ne disposons cependant à ce jour d’aucune observation, c’est-à-dire de compte rendu, dans le cas de la SEP et les caisses de maladie ne prennent toujours pas en charge les frais de ces traitements.

Ataxie:

Aucun traitement n’a prouvé son efficacité pour les problèmes de coordination des mouvements et les tremblements. La kinésithérapie est souvent d’une grande aide, ainsi que la gymnastique et la musculation douce (par exemple lever de poids au niveau des épaules et des genoux). En cas de tremblements sévères, les mêmes méthodes sont réalisées (tremblements du bras par exemple, avec des exercices au cours desquels on lève un poids de ± 2 kg avec l’avant-bras concerné). Différents médicaments sont certes administrés pour le traitement des tremblements, comme le propanolol (Indéral) ou des doses faibles d’antiépileptiques comme la primidone (Mysoline), mais les effets ne sont pas très convaincants. On attend toujours des résultats du buspiron (Buspar) afin de pouvoir l’administrer en toute confiance.